Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/66

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s’étaient colorées, et ses sourcils s’étaient rapprochés, mais devant la dernière, sa colère déborda, et il entraîna vivement son compagnon à travers les allées sinueuses bordées de hautes haies qui s’éclaircissaient de temps en temps pour laisser apercevoir quelque faune rôdeur ou une nymphe épuisée endormie dans le marbre au milieu du feuillage. D’un pas rapide ils suivirent l’allée, passèrent près d’une vasque où une douzaine de dauphins crachaient l’eau sur un groupe de tritons, et s’engagèrent dans une avenue de grands arbres qui semblaient poussés là depuis des siècles et qui, en réalité, avaient été transplantés de Saint-Germain ou de Fontainebleau au prix de soins et de travaux incroyables. À l’extrémité de cette avenue se trouvait la grille, par laquelle ils sortirent. Le vieillard était tout essoufflé de cette marche inaccoutumée.

— Comment êtes-vous venu, mon oncle ? demanda l’officier.

— Dans une calèche.

— Où est-elle ?

— Là-bas, près de l’auberge. Mais vous m’accompagnez, n’est-ce pas ?

— Oui, certes, il faut un homme avec une épée au côté dans votre établissement.

— Que voulez-vous faire ?

— Je veux dire un mot à ce capitaine Dalbert.

— Je vous jugeais mal, Amaury, quand je vous ai dit que votre cœur n’était pas avec Israël.

— Peu m’importe Israël, répliqua Catinat impatienté.