Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/172

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guerriers, si on leur avait ôté leurs épées et leurs bottes montantes, on aurait pu les prendre pour des gens remarquables par la douceur de leurs manières, car leur causerie roulait sur des sujets de science.

Ils discutaient sur les recherches de Boyle, sur le passage de l'air, d'un rire fort grave, et avec grand étalage de connaissances.

En même temps, leurs mouvements alertes, et leur port viril prouvaient qu'en cultivant le lettré, ils n'avaient point sacrifié le soldat.

-Puis-je vous demander, dit l'un d'eux en s'adressant à Saxon, si au cours de vos nombreux voyages, vous avez jamais rencontré un de ces sages, de ces philosophes qui ont valu tant d'honneur et de gloire à la France et à l'Allemagne ?

Mon compagnon parut embarrassé.

Il avait l'air d'un homme qu'on met sur un terrain qui n'est pas le sien.

-Il y en avait en effet un à Nuremberg, dit-il, un certain Gervinus ou Gervianus qui, d'après les on-dit, était capable de changer un morceau de fer en un lingot d'or aussi aisément que je change en cendres ce tabac. Le vieux Pappenheimer l'enferma avec une tonne de métal, en le menaçant de lui faire subir les poucettes s'il ne le changeait pas en pièces d'or.

«Je puis vous garantir qu'il n'y avait pas un jaunet dans la tonne, car j'étais capitaine de la garde, et je fouillai minutieusement la prison.