Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/184

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essayant de le faire je tomberai de cheval, et peut-être en vous entraînant avec moi. Cette brusque évolution a failli me jeter sur la grande route. Je n'ai fait que glisser et me cramponner tout le temps depuis que j'ai dit adieu à Havant. Sûrement jamais n'a été monté un cheval qui s'entende si bien à glisser sous vous.

-Grands Dieux! Ruben! m'écriai-je tout abasourdi, pourquoi tout ce trajet depuis la maison ?

-C'est la même cause qui vous a fait partir, vous et Don Decimo Saxon, ci-devant du Solent, que je crois entrevoir dans l'ombre derrière vous. Comment cela va-t-il, illustre personnage ?

-C'est donc vous, jeune coq des bois ? grogna Saxon d'une voix qui n'exprimait pas un excès de joie.

-Ni plus, ni moins, dit Ruben. Et maintenant, mes gais cavaliers, faites faire demi-tour à vos chevaux, et au trot, en route. Il n'y a pas un moment à perdre. Il faut que nous soyons tous à Taunton demain.

-Mais, dis-je, mon cher Ruben, il n'est pas possible que vous veniez avec nous pour rejoindre Monmouth. Que dirait votre père ? Il ne s'agit pas d'une promenade de vacances, mais d'une expédition qui peut finir d'une façon triste et cruelle. Mettons les choses au mieux. La victoire ne sera obtenue qu'au prix de beaucoup de sang et de dangers. Si cela tourne mal, il peut arriver que nous ayons à monter sur l'échafaud.