Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/269

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«Dans ce sachet, je conserve encore de quoi entretenir cette propreté, cette élégance personnelles qui a fait de moi, si je puis le dire, l'homme le mieux astiqué qui ait jamais mis le pied dans Saint James Park. Il y a là des ciseaux français, une brosse pour ses sourcils, une boîte à cure-dents, une boîte à mouches, un sachet de poudre, un peigne, une houppe et ma paire de souliers à talons rouges.

«Qu'est-ce qu'un homme peut désirer de plus ?

«Cela, et en outre une gorge sèche, un coeur content, une main adroite, voilà tout mon fonds de commerce.

Ruben et moi, nous ne pûmes nous empêcher de rire en entendant ce curieux inventaire des objets que Sir Gervas avait sauvés du naufrage de sa fortune.

Quant à lui, en voyant notre hilarité, il se sentit si chatouillé de ses propres malheurs qu'il éclata d'un rire suraigu qui retentit dans toute la maison.

-Par la Messe! s'écria-t-il enfin. Au cours de ma prospérité, je ne me suis jamais amusé aussi honnêtement que maintenant après ma déchéance. Remplissez vos verres.

-Nous avons encore du chemin à faire ce soir, et il ne faut pas que nous buvions davantage, fis-je remarquer.

La prudence me faisait entendre que c'était jouer un jeu dangereux pour deux jeunes campagnards