Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/306

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e à côte dans le fossé, et je puis vous assurer, mes chers petits-enfants, que nous éprouvâmes la plus grande envie de baisser la tête, quand nous entendîmes les balles siffler tout autour de nous.

Si jamais un soldat vous a raconté qu'il ne l'a point fait la première fois qu'il est allé au feu, ce soldat-là est un homme qui ne mérite aucune confiance.

Toutefois, quand nous fûmes restés assis, raides et silencieux, comme si nous avions le cou engourdi, pendant quelques minutes au plus, cette sensation disparut entièrement, et depuis ce jour je ne l'ai jamais éprouvée.

Vous le voyez, la familiarité engendre le mépris pour les balles comme pour d'autres choses, et bien qu'il ne soit pas aisé d'en venir à les aimer, comme le roi de Suède ou Mylord Cutts, il n'est pas très difficile de les voir avec indifférence.

La mort du cornette ne resta pas longtemps sans être vengée.

Un petit vieux, armé d'une faucille, et qui était resté debout près de Sir Gervas, jeta tout à coup un cri aigu, bondit, en lançant un sonore «Gloire à Dieu» et tomba la face contre terre.

Il était mort.

Une balle l'avait frappé juste au-dessus de l'oeil droit. Presque au même instant un des paysans, qui se trouvaient dans la charrette, eut la poitrine traversée et se laissa tomber assis,