Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/312

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un instant et mis quelque peu en désordre par la nature molle du terrain détrempé, mais après en être sortis, ils se reformèrent de l'autre côté et poussèrent vivement vers la haie.

Quant à nos adversaires qui n'avaient pas d'obstacle à vaincre, ils ne ralentirent point leur allure et fondirent, avec un bruit de tonnerre, un vacarme de harnais, une tempête de jurons sur nos barricades sommaires.

Ah! mes enfants, quand un homme, parvenu à la vieillesse, tente de décrire de pareilles choses et de faire voir à autrui ce qu'il a vu, alors seulement il comprend combien est pauvre le langage d'un homme ordinaire, le langage qui lui suffit pour les usages de la vie, et combien il est insuffisant en de semblables cas.

En effet, si en ce moment même je puis voir cette blanche route de Somerset, avec la charge furieuse, tournoyante des cavaliers, les figures rouges, irritées des hommes, les naseaux dilatés des chevaux, parmi les nuages de poussière qui se soulèvent et les encadrent, je ne saurais espérer de représenter nettement devant vos jeunes yeux une scène pareille, que vous n'avez jamais contemplée et que vous ne contemplerez, jamais, je l'espère.

Puis, quand je pense au bruit, d'abord un simple grincement, un tintement, qui s'enflait, redoublait de force et d'étendue à chaque pas, jusqu'au moment où il arriva sur nous,