Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/45

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uraient.

Les murailles et les fossés, les portes et les sentinelles, la longue Grande Rue avec les grands édifices du gouvernement, le bruit incessant des tambours, le son aigu des trompettes, tout cela faisait battre plus vite mon petit coeur sous ma jaquette de layette.

Il y avait à Portsdown la maison où, trente ans auparavant, l'orgueilleux duc de Buckingham avait été frappé par le poignard de l'assassin.

Il y avait aussi l'habitation du gouverneur, et je me rappelle que pendant que je regardais, il y arrivait à cheval, la figure rouge et colérique, avec un nez tel qu'il sied à un gouverneur, sa poitrine toute chamarrée d'or.

-Ne voilà-t-il pas un bel homme ? dis-je, en levant les yeux vers mon père.

Il rit et enfonça son chapeau sur ses yeux.

-C'est la première fois, dit-il, que j'ai vu en face Sir Ralph Lingard, mais j'ai vu son dos à la bataille de Preston. Ah! mon garçon, avec son air fier, s'il voyait seulement le vieux Noll entrer par la porte, il ne croirait pas au-dessous de lui de sortir par la fenêtre.

Le résonnement de l'acier, la vue d'un justaucorps de buffle ne manquaient jamais d'éveiller dans le coeur de mon père l'amertume des Têtes-Rondes.

Mais il y avait d'autres choses à voir à Portsmouth que les habits rouges et leur gouverneur.