Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/46

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C'était le second port du royaume, après Chatham, et il y avait toujours un nouveau navire de guerre tout prêt sur les étais.

Il s'y trouvait alors une escadre de la marine royale.

Parfois la flotte entière était réunie à Spithead.

Alors les rues étaient pleines de matelots, dont les figures étaient aussi brunes que l'acajou, avec des queues de cheveux aussi raides, aussi dures que leurs coutelas.

Les voir déambuler d'un pas balançant, écouter leur langage étrange et piquant, leurs récits sur les guerres de Hollande, était pour moi un régal des plus fins, et plus d'une fois, quand j'étais seul, je me suis attaché à un de leurs groupes, et j'ai passé la journée à aller de taverne en taverne.

Toutefois il arriva une fois que l'un d'eux me pressa de partager son verre de vin des Canaries, et ensuite par simple malice, me persuada d'en avaler un second.

Il en résulta que je revins à la maison, hors d'état de parler, dans la charrette du voiturier, et que depuis lors il ne me fut plus permis d'aller seul à Portsdown.

Mon père fut moins scandalisé de cet incident que je ne m'y étais attendu, et il rappela à ma mère que Noé s'était laissé surprendre d'une façon analogue.

Il conta aussi qu'un certain chapelain d'armée,