Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
DANS LE DÉSERT DE SEL

Tout en s’asseyant il jeta à terre, en même temps que son fusil, devenu inutile, un fardeau volumineux qu’il avait porté jusque-là sur son épaule. C’était un gros paquet, enveloppé d’une couverture grisâtre et trop lourd évidemment pour ce qui lui restait de forces. De ce paquet sortit un petit cri plaintif et une figure d’enfant apparut, avec de grands yeux brillants et effarés, tandis que deux petites mains se crispaient convulsivement.

« Vous m’avez fait mal, dit une voix enfantine d’un ton de reproche.

— Oh ! vraiment, reprit l’homme tout confus. Je ne l’ai pas fait exprès. » Tout en parlant, il défit le châle et en sortit une petite fille d’environ cinq ans. À ses jolis souliers, à sa gentille robe rose, à son petit tablier blanc, on reconnaissait la sollicitude d’une mère. L’enfant était bien pâle, mais ses bras potelés, ses jambes encore fortes montraient qu’elle avait cependant moins souffert que son compagnon.

« Et maintenant comment cela va-t-il ? » dit l’homme avec inquiétude, en voyant qu’elle frottait encore le haut de sa tête sous les boucles blondes et soyeuses qui la recouvraient.

« Embrassez-moi là pour que ça ne fasse plus mal, dit-elle avec un grand sérieux. C’est comme cela que maman faisait toujours. Où est-elle maman ?

— Maman est partie. Mais je pense que tu vas bientôt la rejoindre.