Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pression d’une main petite et douce, et levant les yeux il aperçut Lucy devant lui. Rien qu’à voir sa pâleur et la terreur empreinte sur ses traits, il comprit qu’elle avait tout entendu.

« Je ne l’ai pas fait exprès, dit-elle, en réponse à son regard, car sa voix résonnait dans toute la maison ! Oh ! mon père, mon bon père, qu’allons-nous devenir ?

— Ne te tourmente pas, répondit-il, en l’attirant à lui et en caressant de sa main large et rugueuse la blonde chevelure de l’enfant, nous trouverons bien un moyen d’en sortir. Tu ne sens pas diminuer la sympathie pour notre voyageur, n’est-il pas vrai ? »

Un sanglot, accompagné d’une pression de la main fut l’unique réponse.

« Non, non, je sais bien que non, reprit-il ; d’ailleurs je ne le désire guère. C’est un brave garçon et un bon chrétien, ce que ne sont guère les gens d’ici malgré toutes leurs simagrées de prières et de sermons. Écoute, il y a demain un convoi qui part pour Nevada, je vais m’arranger pour lui envoyer un message qui lui fera connaître l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Si je juge bien, ce jeune homme arrivera ici, plus rapide que le télégraphe. »

À ces mots Lucy sourit à travers ses larmes.

« Quand il sera là, dit-elle, il nous indiquera le meilleur parti à prendre. Mais c’est pour toi que je