Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/180

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trébucher ; cependant la joie de revoir Lucy et la pensée qu’il rapportait des provisions suffisantes pour assurer la fin de leur voyage le soutenaient et lui donnaient des forces surhumaines.

Il atteignit enfin l’entrée du défilé d’où il était parti et qu’il reconnut aux hautes falaises que, malgré l’obscurité, on voyait se détacher sur le ciel. Songeant alors à l’anxiété avec laquelle ses compagnons devaient l’attendre — car son absence avait duré près de cinq heures, — il mit sa main sur sa bouche et lança un joyeux hallo pour signaler son arrivée. Il s’arrêta un instant espérant entendre un autre cri lui répondre. Mais rien, sinon son propre appel répercuté cent fois sur un ton lugubre par les échos de ces gorges sauvages, tout surpris d’être ainsi réveillés. De nouveau et plus haut encore il se mit à appeler, mais cette fois encore personne ne répondit, rien ne vint lui révéler la présence des êtres aimés qu’il venait de quitter. Une terreur vague, une terreur sans nom s’empara de lui et il s’élança dans une course folle laissant même, dans son trouble tomber le précieux butin qu’il rapportait.

Lorsqu’il eut tourné l’angle du rocher il se trouva soudain devant les restes du brasier. Le feu achevait de se consumer et il était facile, de voir qu’il n’avait pas été entretenu depuis son départ. Un silence de mort régnait sur cette scène. Ses craintes se changèrent alors en certitude, il bondit en avant ;