Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/184

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dans les rues et de nombreux signes de réjouissances. Il était à se demander ce que cela signifiait lorsqu’il entendit le pas d’un cheval et vit un cavalier qui s’avançait vers lui. Bientôt il reconnut un Mormon du nom de Cowper auquel il avait, à plusieurs reprises rendu quelques services ; aussi l’aborda-t-il sans hésiter pour tâcher de se renseigner sur le sort de l’infortunée Lucy Ferrier.

« Ne me reconnaissez-vous pas, dit-il ? Je suis Jefferson Hope. »

Le Mormon le regarda stupéfait. Il était difficile en effet de retrouver dans ce misérable tout déguenillé, dans ce vagabond à la figure hâve et farouche, aux yeux égarés, le jeune et élégant chasseur d’autrefois. Mais lorsqu’il l’eut à la fin reconnu, la surprise du Mormon se changea en consternation.

« Vous êtes fou de vous aventurer jusqu’ici ! s’écria-t-il. Le seul fait d’être vu causant avec vous peut me coûter la vie ; ne savez-vous pas que les Quatre Saints ont prononcé contre vous la fatale sentence pour avoir assisté les Ferrier dans leur fuite ?

— Je ne crains ni eux ni leur sentence, répondit froidement Hope. Vous êtes sûrement au courant de ce qui s’est passé, Cowper ; aussi par tout ce que vous avez de plus sacré au monde, je vous conjure, de répondre à quelques-unes de mes questions.