Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/190

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ces derniers on comptait Drebber et Stangerson, mais personne ne savait de quel côté ils s’étaient dirigés. La rumeur publique disait seulement que Drebber avait pu réaliser une grande partie de ses biens et qu’il était parti à la tête d’une réelle fortune, tandis que son compagnon Stangerson était presque ruiné. Aucun indice, d’ailleurs, ne faisait présager qu’on pourrait un jour retrouver leurs traces.

En présence de pareilles difficultés et malgré le ressentiment le plus violent, plus d’un aurait abandonné toute pensée de vengeance ; mais Jefferson Hope n’eut pas un instant de défaillance. Avec le petit pécule qu’il possédait, cherchant de plus à travailler partout où il passait, il voyagea de ville en ville à travers les États-Unis toujours à la recherche de ses ennemis. Les années succédaient aux années, les cheveux gris aux cheveux noirs, mais il suivait toujours sa voie, comme un bon chien de chasse âpre à la curée, sa volonté tendue vers le but auquel il avait consacré sa vie. Une telle persévérance fut enfin récompensée. Un jour il aperçut simplement une tête se profiler un instant derrière une fenêtre, et cette apparition d’une seconde lui suffit ; il savait désormais que c’était à Cleveland dans l’Ohio que s’étaient retirés ceux qu’il poursuivait. Lorsqu’il rentra dans son misérable taudis, son plan de vengeance était déjà tout fait. Mais le malheur voulut que Drebber en regardant par la fenêtre avait de son