Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/200

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quelquefois à pied ; mais le premier système était le meilleur, car j’étais sûr alors de ne pas les perdre de vue. Seulement comme il ne me restait plus que les premières heures de la journée, ou les dernières de la soirée, pour gagner quelque argent, je me trouvai bientôt assez en retard vis-à-vis de mon patron. Cependant je n’attachai à ce détail aucune importance, du moment où je ne perdais pas la piste de mes deux scélérats. Ils étaient malins et craignaient évidemment d’être suivis. Aussi ne s’aventuraient-ils au dehors qu’après la tombée de la nuit et ne sortaient-ils jamais seuls. Deux semaines de suite je les filai ainsi du haut de mon fiacre sans avoir jamais pu les apercevoir l’un sans l’autre. Drebber, pour sa part, était gris la moitié du temps, mais jamais je ne trouvai la vigilance de Stangerson en défaut. Que ce fût le soir ou que ce fût le matin, pas une fois ne se présenta la moindre occasion favorable. Toutefois je n’en éprouvais aucun découragement, car j’avais le pressentiment que mon heure était proche. Ma seule crainte provenait de mon anévrisme. N’allait-il pas se rompre trop tôt et me laisserait-il le temps d’accomplir mon œuvre ? « Enfin un soir, comme j’allais et je venais le long de Torquay Tenace — c’est le nom de la rue où ils demeuraient, — je vis un fiacre venir se ranger devant la porte. Puis on y entassa des bagages et quelques instants après Drebber et Stangerson