Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/201

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montèrent dans la voiture. Dès que celle-ci eut démarré, je fouettai mon cheval et ne la perdis plus de vue. J’étais fortement inquiet, car je craignais que les misérables ne fussent sur le point de quitter Londres. Ils descendirent à la station d’Euston : je confiai aussitôt mon cheval à un gamin afin de les suivre dans l’intérieur de la gare. Là je les entendis demander à un employé les heures de train pour Liverpool. On leur répondit qu’il y en avait un qui venait de partir et qu’il n’y en aurait pas d’autre avant quelques heures. Stangerson sembla fort ennuyé de ce contretemps, tandis que Drebber en paraissait plutôt aise. En me mêlant à la foule, je pus me rapprocher assez d’eux pour entendre tout ce qu’ils disaient. Drebber déclarait qu’il avait une petite affaire personnelle à régler et demandait à l’autre de l’attendre là, lui promettant de le rejoindre avant peu. Mais son compagnon faisait des difficultés et objectait qu’ils étaient convenus de ne jamais se séparer. À cela Drebber répliqua que la démarche qu’il avait à faire était d’une nature très délicate et qu’il ne pouvait l’accomplir que seul ; je ne pus saisir la réponse de Stangerson. Mais en l’entendant, Drebber se mit à jurer et à tempêter, lui rappelant qu’il n’était qu’un simple serviteur à ses gages et qu’il n’avait pas d’ordres à lui donner. Là-dessus le secrétaire renonça à toute discussion et demanda simplement à son maître, dans le cas où