Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/204

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rouler au milieu de la rue. « Sale animal, cria-t-il en le menaçant de sa canne, je t’apprendrai à insulter une honnête fille. » Il était dans une telle colère qu’il aurait certainement administré une volée de coups de bâton à Drebber si celui-ci ne s’était enfui, en courant de toutes ses forces. Apercevant mon fiacre au détour de la rue, il sauta dedans en me criant : « à l’Hôtel d’Halliday ».

« En voyant que je le tenais enfin dans ma voiture, mon cœur bondit si joyeusement dans ma poitrine que j’eus peur de sentir, au dernier moment, mon anévrisme se rompre. Je marchais lentement me demandant le meilleur parti à prendre. Je pensais déjà l’emmener dans la campagne et profiter d’un endroit écarté pour avoir avec lui un entretien suprême ; j’allais m’y décider quand il se chargea lui-même de me fournir la solution du problème. Ses instincts d’ivrogne ayant repris le dessus, il me donna l’ordre de m’arrêter devant un cabaret où il entra en m’enjoignant de l’attendre. Il y resta jusqu’à l’heure de la fermeture et, quand il en sortit, il était dans un tel état qu’il se trouvait évidemment à ma merci.

« N’allez pas croire que j’aie voulu l’assassiner de sang-froid, quoique cependant ce n’eût été que justice ; je n’aurais pu m’y résoudre. Non, depuis longtemps j’étais décidé à lui laisser une chance de salut, s’il voulait l’accepter. Parmi les nombreux métiers