Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/4

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Bientôt même l’état de mes finances devint si inquiétant qu’il me parut indispensable de choisir entre les deux partis suivants : ou quitter la capitale et chercher à la campagne quelque trou pour y végéter tristement, ou changer totalement mon genre d’existence. Ce fut à cette dernière alternative que je m’arrêtai ; pour commencer je résolus de quitter l’hôtel et de m’établir dans un domicile moins brillant comme apparence, mais plus économique.

Le jour même où j’avais pris cette décision, je me trouvais au Criterion bar lorsque je sentis quelqu’un me frapper sur l’épaule, et en me retournant, je reconnus le jeune Stamford que j’avais eu comme assistant à l’hôpital de Barts. La vue d’une figure de connaissance, pour tout homme qui se sent profondément isolé au milieu de l’infernal brouhaha de Londres, est certainement la chose du monde la plus réconfortante. Jamais cependant Stamford n’avait été pour moi ce qu’on appelle un véritable copain, mais à ce moment je fraternisai avec lui de la façon la plus enthousiaste, et lui-même de son côté sembla ravi de la rencontre. Dans l’exubérance de ma joie, je l’invitai à déjeuner chez Holborn et un instant après nous montions en fiacre pour nous y rendre.

Pendant que la voiture roulait dans les rues tumultueuses de Londres : « Quelle diable de vie