Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/96

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caractère et de l’affection passionnée qu’il porte à sa sœur. Lorsque j’eus refermé la porte derrière ces gens, il me sembla que j’avais un grand poids de moins sur la poitrine. Hélas ! moins d’une heure après j’entendais sonner : c’était M. Drebber qui revenait très surexcité et ayant évidemment beaucoup bu. Il fit irruption dans la pièce où je me tenais avec ma fille et je crus comprendre, au milieu d’un flot de paroles incohérentes, qu’il avait manqué son train. Puis il se tourna vers Alice, et, devant moi, il eut l’impudence de lui proposer de s’enfuir avec lui : — « Vous êtes majeure, dit-il, et il n’y a aucune loi qui puisse vous en empêcher. J’ai plus d’argent que je ne peux en dépenser. Ne faites pas attention à la vieille, mais venez avec moi, tout de suite. Allons, arrivez. Vous vivrez en princesse. » Ma pauvre Alice fut si effrayée qu’elle s’écarta de lui, mais il la saisit par le poignet et chercha à l’entraîner vers la porte. Je me mis à crier, et au même moment mon fils Arthur entra dans la chambre. Ce qui arriva alors, je n’en sais rien. J’entendis des jurons, un bruit de lutte, mais j’étais trop terrifiée pour oser seulement lever les yeux. Quand je revins à moi, je vis Arthur debout sur le pas de la porte, une canne à la main et riant aux éclats.

« — Je ne crois pas que ce beau sire vienne vous ennuyer encore, dit-il, je vais, cependant le suivre et voir ce qu’il devient. » En disant ces mots, il prit