Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/122

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« Je vous ai raconté comment je l’entendis sangloter, la nuit de mon arrivée au château. Depuis, j’ai surpris maintes fois des traces de larmes sur son visage. Quelque profond chagrin lui ronge le cœur.

« Est-ce le souvenir d’une faute qui la hante ?

« Ou bien Barrymore jouerait-il les tyrans domestiques ?

« J’ai toujours pressenti qu’il y avait quelque chose d’anormal et de louche dans les manières de cet homme. L’aventure de la nuit dernière a fortifié mes soupçons.

« Et cependant elle semble de bien petite importance par elle-même !

« Vous savez si, en temps ordinaire, mon sommeil est léger… Il est plus léger encore, depuis que vous m’avez placé de garde auprès de sir Henry.

« Or, la nuit dernière, vers deux heures du matin, je fus réveillé par un bruit de pas glissant furtivement dans le corridor.

« Je me levai et j’ouvris ma porte pour risquer un œil.

« Une ombre noire allongée — celle d’un homme tenant une bougie à la main — traînait sur le tapis.

« L’homme était en bras de chemise et pieds nus.

« Je ne voyais que les contours de son ombre ; mais, à ses dimensions, je reconnus qu’elle ne pouvait appartenir qu’à Barrymore.

« Il marchait lentement, avec précaution. Il y avait dans son allure quelque chose d’indéfinissable — de criminel et de craintif à la fois.

« Je vous ai écrit que le balcon qui court autour