Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« De sa prison, la pauvre enfant frissonnait, au bruit des chants et des blasphèmes qui montaient jusqu’à elle. Dans sa détresse, elle tenta ce qui aurait fait reculer les plus audacieux : à l’aide du lierre qui garnissait le mur, elle se laissa glisser le long de la gouttière et s’enfuit par la lande vers la maison de son père, distante d’environ trois lieues.

« Quelque temps après, Hugo quitta ses amis pour monter un peu de nourriture à sa prisonnière. Il trouva la cage vide et l’oiseau envolé. Alors, on l’aurait dit possédé du démon. Dégringolant l’escalier, il entra comme un fou dans la salle à manger, sauta sur la table et jura devant toute la compagnie que, si cette nuit même il pouvait s’emparer de nouveau de la fugitive, il se donnerait au diable corps et âme. Tous les convives le regardaient, ahuris. À ce moment l’un d’eux, plus méchant — ou plus ivre — que les autres, proposa de lancer les chiens sur les traces de la jeune fille.

« Hugo sortit du château, ordonna aux valets d’écurie de seller sa jument, aux piqueurs de lâcher la meute et, après avoir jeté aux chiens un mouchoir de la prisonnière, il les mit sur le pied. L’homme, en jurant, les bêtes, en hurlant, dévalèrent vers la plaine, sous la clarté morne de la lune.

« Tout ceci s’était accompli si rapidement que, tout d’abord, les convives ne comprirent pas. Mais bientôt la lumière se fit dans leur esprit. Ce fut alors un vacarme infernal ; les uns demandaient leurs pistolets, les autres leur cheval, ceux-ci de