Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/145

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soupçonne sir Henry d’avoir obéi à cette pensée, en se montrant si décidé à tenter cette aventure.

« — Je vous accompagne, lui dis-je.

« — Alors prenez votre revolver et chaussez vos bottines. Plus tôt nous partirons, mieux cela vaudra… le drôle n’aurait qu’à souffler sa bougie et qu’à filer… »

« Cinq minutes plus tard, nous étions dehors, en route pour notre expédition.

« Nous marchions à travers les taillis, au milieu du triste sifflement du vent d’automne et du bruissement des feuilles mortes.

« L’air de la nuit était chargé d’humidité et la terre dégageait l’acre senteur des plantes en décomposition.

« De temps en temps, la lune pointait entre deux nuages ; mais bientôt les nuées se rejoignaient et recouvraient toute la surface du ciel. Au moment où nous mettions le pied sur la lande, une pluie menue commença à tomber.

« Devant nous, la lueur jaune brillait toujours.

« — Êtes-vous armé ? dis-je tout bas à sir Henry.

« — J’ai un fusil de chasse à répétition.

« — Il faudra surprendre Selden et nous emparer de lui, avant qu’il soit en état de nous résister, repris-je ; il paraît que c’est un garçon déterminé.

« — Dites donc, Watson, que penserait M. Sherlock Holmes de nous voir ainsi sur la lande, « à l’heure où l’esprit du mal chemine » ?

« Comme en réponse à ces paroles, il s’éleva dans la vaste solitude de la lande ce cri étrange