Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/155

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« Tout est mélancolie — au dehors comme au dedans.

« Le baronnet subit maintenant le contre-coup des émotions trop vives de la nuit précédente.

« Moi-même, je me sens oppressé. Il me semble qu’un péril nous menace — péril sans cesse présent et d’autant plus terrible que je ne puis le préciser.

« N’ai-je pas raison de craindre ? Cette longue série d’incidents ne dénote-t-elle pas une influence maligne s’exerçant autour de nous ? C’est d’abord la fin tragique du dernier commensal du château de Baskerville qui meurt de la même mort que son ancêtre Hugo. Puis viennent les affirmations des paysans relatives à la présence sur la lande d’un animal extraordinaire. N’ai-je pas entendu deux fois de mes propres oreilles, un bruit qui ressemblait à l’aboiement lointain d’un chien ?

« Mais il est incroyable, inadmissible, que ce bruit soit dû à une cause surnaturelle. Comment un chien-fantôme marquerait-il sur le sol l’empreinte de ses pas et remplirait-il l’air de ses hurlements ?

« Stapleton peut avoir de ces superstitions ; Mortimer également.

« Mais moi ?

« Je me flatte de posséder une qualité inappréciable : le sens commun — et rien ne me fera croire à de pareilles absurdités. Ma crédulité me rabaisserait au niveau de ces paysans ignares qui ne se contentent pas d’affirmer l’existence d’un animal fantastique, mais qui le dépeignent comme lançant du feu par la gueule et par les yeux.