Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/219

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un grand chapeau à plumes, une abondante chevelure bouclée et une collerette de dentelles blanches. La physionomie, point bestiale, avait toutefois un air faux et mauvais, avec sa bouche en coup de sabre, ourlée de lèvres minces, et ses yeux insupportablement fixes.

« Ressemble-t-il à quelqu’un que vous connaissiez ? me demanda Sherlock Holmes.

— Il a quelque chose des maxillaires de sir Henry, répondis-je.

— Un phénomène de suggestion, probablement. Attendez un instant ! »

Holmes monta sur une chaise et, élevant son bougeoir qu’il tenait de la main gauche, il arrondit son bras sur le portrait, de façon à cacher le large chapeau à plumes et les boucles de cheveux.

« Grand Dieu ! » m’écriai-je étonné.

Le visage de Stapleton venait de surgir de la toile.

« Voyez-vous, maintenant ? fit Holmes. Mes yeux sont exercés à détailler les traits des visages et non pas les accessoires. La première qualité de ceux qui se vouent à la recherche des criminels consiste à savoir percer les déguisements.

— C’est merveilleux. On dirait le portrait de Stapleton.

— Oui. Nous nous trouvons en présence d’un cas intéressant d’atavisme — aussi bien au physique qu’au moral. Il suffit d’étudier des portraits de famille pour se convertir à la théorie de la réincarnation. Ce Stapleton est un Baskerville — la chose me paraît hors de doute.