Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/87

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Ces pièces étaient meublées d’une façon plus moderne que le reste de la maison ; le papier, clair, et les innombrables bougies, allumées un peu partout, effacèrent en partie la sombre impression ressentie dés notre arrivée.

Mais la salle à manger, qui communiquait avec le hall, était pleine d’ombre et de tristesse. On dressait encore la table sur une espèce d’estrade autour de laquelle devaient autrefois se tenir les domestiques.

À l’une des extrémités de la pièce, une loggia, réservée pour des musiciens, dominait la salle.

À la lueur des torches et avec la haute liesse des banquets du bon vieux temps, cet aspect pouvait être adouci. Mais de nos jours, en présence de deux messieurs vêtus de noir, assis dans le cercle de lumière projeté par une lampe voilée d’un abat-jour, la voix détonnait et l’esprit devenait inquiet.

Toute une lignée d’ancêtres habillés de tous les costumes des siècles passés, depuis le chevalier du règne d’Élisabeth jusqu’au petit maître de la Régence, nous fixait du haut de ses cadres et nous gênait par sa muette présence.

Nous parlâmes peu et je me sentis soulagé, une fois le repas terminé, quand nous allâmes fumer une cigarette dans la salle de billard.

« Vrai ! ça n’est pas un endroit folâtre, dit sir Henry. Je crois qu’on peut s’y faire, mais je me sens encore dépaysé. Je ne m’étonne pas qu’à vivre seul dans cette maison, mon oncle soit devenu un peu toqué… Vous plaît-il que nous nous retirions