Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/109

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Phelps enleva le couvercle. Au moment même il fit entendre un cri perçant ; son regard devint fixe, sa figure aussi blanche que le plat qu’il regardait. Au milieu de ce plat gisait un petit rouleau de papier gris bleu. Il sauta dessus, le dévora des yeux, puis se mit à danser comme un fou au milieu de la chambre, serrant contre son cœur le précieux document, et poussant des cris de joie. Bientôt il retomba dans un fauteuil, si faible, si épuisé par ses propres émotions, que nous dûmes, pour le préserver d’un évanouissement, lui verser du brandy dans le gosier.

— Allons, allons, lui disait Holmes avec douceur, en lui tapotant l’épaule. Le coup était trop rude pour vous ; mais Watson vous dira que je n’ai jamais su résister aux scènes dramatiques.

Phelps lui prit la main et la baisa.

— Que Dieu vous bénisse ! Vous avez sauvé mon honneur !

— Soit, mais mon honneur aussi était en jeu, vous savez, reprit Holmes. Je vous assure qu’il est tout aussi pénible pour moi d’échouer dans une affaire qu’il le serait pour vous de commettre des bévues dans l’accomplissement d’une mission.

Phelps introduisit le précieux document dans la poche la plus sûre de son habit.

— Je n’ai pas le cœur, dit-il, d’interrompre plus longtemps votre déjeuner. Et, pourtant, je