Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/121

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d’une grande énergie morale et physique, il n’avait que peu de culture intellectuelle, mais ses nombreux voyages lui avaient donné un enseignement pratique dont il avait su tirer parti. Bâti en force, orné d’une chevelure abondante et qui grisonnait fortement, il avait un teint hâlé, et des yeux bleus si perçants qu’ils en étaient presque farouches ; et pourtant Trevor avait dans le pays une réputation de bonté et de charité, ses sentences mêmes étaient empreintes d’une indulgence extrême.

« Un soir, peu de temps après mon arrivée, nous dégustions après le dîner un verre de Porto. Le jeune Trevor se mit à parler de mes manies d’observation et de déduction, manies qui déjà à cette époque étaient profondément ancrées en moi, bien que je ne me fusse pas encore rendu compte du rôle que ces tendances devaient jouer dans ma vie. Le vieillard pensa évidemment que son fils, en citant mes prouesses, exagérait beaucoup.

« — Eh bien ! monsieur Holmes, me dit-il sur un ton de bonhommie, je serais curieux de vous voir lire dans ma vie.

« — Sans me sentir parfaitement sûr de moi-même, je me hasardai pourtant à vous dire que, depuis une année, vous redoutez une agression.

« Il prit soudain un air très grave, et me regarda avec la plus grande stupéfaction.