Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/139

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mitage. Aussi vous comprendrez l’émotion qui m’envahit lorsque j’entendis votre ami me dire qu’il croyait connaître mon secret. Ce fut donc sous le nom d’Armitage que j’entrai, en qualité de commis, dans une maison de banque de Londres, et, c’est sous ce même nom d’Armitage que je fus convaincu d’avoir transgressé les lois de mon pays ; on me condamna à la déportation. Ne soyez pas trop sévère pour moi, mon cher enfant. J’avais soi-disant une dette d’honneur à payer et j’y avais employé des fonds qui n’étaient pas à moi, certain de pouvoir les remettre, avant qu’on ne s’aperçût de leur disparition. Mais la mauvaise chance me poursuivant, je ne touchai pas à temps la somme sur laquelle je comptais, et un examen inattendu de mes comptes fit découvrir le déficit. On aurait pu me traiter avec indulgence, mais les lois étaient plus rigoureuses, il y a trente ans, qu’aujourd’hui, et, à trente-trois ans je me vis enchaîné comme un filou avec trente-sept autres condamnés dans les entreponts du navire Gloria Scott qui faisait voile pour l’Australie.

« C’était en 1855, au moment où la guerre de Crimée battait son plein. Les bâtiments ordinairement employés au transport des condamnés étaient mobilisés pour la mer Noire. Le gouvernement en était réduit à affréter les navires plus petits et moins bien aménagés pour transporter