Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/142

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« — Eh bien ! où pensez-vous qu’a passé cet argent ?

« — Je n’en ai pas la moindre idée.

« — Je le tiens là, entre le pouce et l’index, par Dieu. Mon nom seul vaut plus de livres sterling que vous n’avez de cheveux sur la tête ; et quand on a de l’argent, mon garçon, et qu’on sait en faire usage, on est tout-puissant. Il ne vous est pas venu à l’idée, je pense, qu’un homme ainsi pourvu se résigne à user ses culottes dans la cale infecte d’un caboteur chinois, à demi pourri et infesté de rats et de vermine ? Non, monsieur, un homme comme moi se tire d’affaire et vient en aide aux camarades. N’en doutez pas et fiez-vous à lui. La main sur la Bible, je puis vous jurer que vous sortirez de ce mauvais pas.

« J’avoue que tout d’abord je n’ajoutai pas foi à ce langage. Peu à peu, cependant, mon voisin s’avéra très persuasif ; après m’avoir fait donner ma parole d’honneur la plus solennelle de garder le silence, il me laissa comprendre qu’il existait réellement un complot pour s’emparer du navire. Ce complot avait été ourdi, bien avant l’embarquement, par une douzaine de prisonniers à la tête desquels était, bien entendu, Bendergast ; sa fortune devenait naturellement le levier puissant de l’affaire.

« — J’ai, me dit mon complice, un associé, homme exceptionnellement sûr auquel j’étais lié