Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/218

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fauteuil, Sherlock Holmes grave sur le mur, à coups de revolver, un patriotique V. R., renversant ainsi l’idée généralement admise que le tir à la cible est un sport de plein air.

Notre appartement était, de plus, encombré de produits chimiques et de pièces à conviction provenant de crimes, qui s’entassaient dans tous les coins, et qu’on retrouvait tout à coup à l’endroit le plus inattendu ; dans un beurrier par exemple. Mais c’était surtout l’amoncellement des paperasses qui me désespérait ; Sherlock Holmes se refusait à détruire le moindre document, surtout ceux qui avaient trait aux anciennes causes judiciaires. Or, tous les ans ou tous les deux ans, il faisait une fois le grand effort de classer ses papiers et d’y mettre un peu d’ordre. Comme je l’ai déjà dit quelque part dans ces incohérents mémoires, l’énergie et l’activité dévorante qu’il déployait, et qui assuraient chez lui le succès de la cause la plus ardue, faisaient ensuite place à des accès de quasi-léthargie ; nonchalamment étendu sur un divan, il passait son temps entre ses livres et son violon, et semblait avoir tout juste la force de se traîner jusqu’à sa table. C’est ainsi que ses papiers s’accumulaient chaque jour davantage ; ils envahissaient notre appartement. On n’y voyait plus que des piles de manuscrits, qu’il était défendu de brûler, et que seul mon camarade avait le droit de ranger.