Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/77

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peut vous dire à quel point jadis au collège j’étais déjà un garçon nerveux, susceptible, sensible à l’excès : question de tempérament. Je songeais à mon oncle, à ses collègues du Cabinet, à la honte que j’avais jetée sur lui, comme sur moi, comme sur tous ceux avec qui j’étais apparenté. Comment alléguer que j’étais victime d’un accident extraordinaire ? Il n’y a point d’excuse pour les accidents, lorsque des intérêts diplomatiques sont en jeu. J’étais perdu, honteusement perdu, sans espoir.

Je ne sais ce que je fis : je dois avoir eu un accès de fureur ; j’ai seulement le souvenir confus d’un groupe de fonctionnaires qui se pressaient autour de moi, s’efforçant de me calmer. L’un d’eux m’accompagna jusqu’à la station de Waterloo et me mit dans le train de Woking. Il eût peut-être fait toute la route avec moi si le docteur Perrier, mon voisin, ne se fût justement trouvé là pour prendre le même train. Le docteur, avec beaucoup de bonté, se chargea de moi ; et ce fut très heureux, car dans la gare de Woking, j’eus une attaque et, avant d’arriver à la maison, j’étais bel et bien fou furieux.

Vous pouvez imaginer ce qui se passa ici lorsque tous furent réveillés en sursaut par les appels du médecin et qu’ils me trouvèrent dans cet état. Cette pauvre Annie et ma mère eurent le cœur brisé. Le docteur Ferrier en avait appris