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LE CAPITAINE DREYFUS

Embrasse tout le monde, les enfants pour moi. Mille baisers de ton mari qui t’aime,

Alfred.

Comment vont les enfants ? Donne-moi de leurs nouvelles. Je ne puis penser à toi et à eux sans que mon être tressaille de douleur. Je voudrais t’insuffler tout le feu qui est dans mon âme pour marcher à l’assaut de la vérité, te pénétrer de la nécessité absolue de démasquer le véritable coupable par tous les moyens, quels qu’ils soient, et surtout sans tarder.

Envoie-moi quelques livres.

————
27 avril 1895.
Ma chère Lucie,

Quelques lignes encore pour que tu saches que je suis toujours en vie et pour t’envoyer l’écho de mon immense affection.

Quelque grand que soit notre chagrin à tous deux, je ne puis que te dire toujours de le surmonter pour poursuivre la réhabilitation avec une persévérance indomptable.

Garde toujours le calme et la dignité qui conviennent à notre grand malheur, si immérité, mais travaille pour me faire rendre mon honneur, l’honneur du nom que portent mes chers enfants.

Qu’aucune démarche ne te rebute ni te lasse ; va trouver, si tu le juges utile, les membres du Gouvernement, émeus leur cœur de père et de Français, dis bien que tu ne demandes pour moi ni grâce ni