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APPENDICE

n’est point par lâcheté, mais bien parce qu’il a été mis dans l’impossibilité absolue de le faire, qu’il a cédé à mes exhortations et aux supplications des siens éplorés.

J’affirme également, la question m’ayant été posée, n’avoir connu M. Bernard Lazare que l’avant-veille de l’apparition de sa première brochure ayant pour titre : Une Erreur judiciaire, la vérité sur le capitaine Dreyfus, brochure que j’ai ignorée, soit directement, soit indirectement. Si je l’ai accompagné, l’an dernier, au logis personnel de M. Henri Rochefort et non à la direction de son journal, j’ai obéi à un sentiment naturel que tout homme de cœur comprendra : celui de témoigner en faveur d’un innocent injustement frappé et qui expie un crime qu’il n’a pas commis.

Toutes les convictions sont respectables quand elles sont sincères et désintéressées, et on admettra bien que s’il y a des gens convaincus de la culpabilité, il y en a aussi, je puis l’affirmer, un très grand nombre, dans les hautes sphères civiles et militaires, qui sont, comme moi et autant que moi, convaincus de l’innocence de Dreyfus. Mais la lâcheté humaine les a empêchés de le dire hautement et publiquement : je n’ai pas voulu être du nombre.

Un haut personnage politique qui fait encore partie du Parlement, et que je ne puis nommer, a dit :

— Le procès Dreyfus est un procès antisémite qui s’est greffé d’un crime politique.

Je suis de cet avis.

Dieu veuille que ce malheureux, qui expire, qui