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APPENDICE

n’ai jamais voulu amorcer personne, je suis innocent de ce dont on m’accuse.

— Alors, déclara celui qui a été son bourreau, l’homme qui m’a torturée, moi, malheureuse femme, avec des raffinements de sauvage, alors, si vous dites vrai, vous êtes le plus grand martyr du siècle !

M. du Paty de Clam peut nier cette conversation, mais voici une lettre qui en fait foi, qui a été écrite après que l’envoyé du général Mercier eut quitté la prison du Cherche-Midi, qui fut remise au Ministre, qui figure au dossier du Ministère de la guerre, que, je le répète, vous deviez connaître et qui aurait dû vous empêcher de porter à la tribune de la Chambre l’assertion que vous y avez portée.

Mon mari écrivait au général Mercier :

« Monsieur le Ministre,

J’ai reçu par votre ordre la visite du commandant du Paty de Clam auquel j’ai déclaré encore que j’étais innocent et que je n’avais même jamais commis la moindre imprudence. Je suis condamné, je n’ai aucune grâce à demander, mais au nom de mon honneur, qui, je l’espère, me sera rendu un jour, j’ai le devoir de vous prier de vouloir bien continuer vos recherches.

Moi parti, qu’on cherche toujours, c’est la seule grâce que je sollicite.

Alfred Dreyfus. »

Et c’est le lendemain du jour où il écrivait cette lettre que mon mari aurait fait l’aveu que vous avez présenté à la Chambre comme la preuve de la culpabilité d’un martyr, d’un innocent !

La démarche de M. du Paty de Clam prouve que jusqu’à la fin le général Mercier a eu des doutes sur