Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/277

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deux Français, vous allez leur faire donner de bons vêtements de laine et prendre du thé très chaud. Quand ils seront bien restaurés vous leur demanderez s’ils veulent que je les débarque à quai. »

Haradec leva la tête, le sourcil froncé, croyant à une mystification cruelle. Mais déjà le commandant s’était retourné vers eux.

« Il y a un Dieu pour vous, dit-il ; bénissez-le comme il convient. La paix a été signée à Amiens avec la France il y a trois jours, et vous êtes libres ! »

Vous dépeindre la stupeur joyeuse de nos deux amis serait chose impossible : en cette seule minute, ils oublièrent trois ans des plus dures souffrances, et, remués jusqu’au fond de l’âme, bégayant des paroles inintelligibles, ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre, en pleurant comme des enfants.

« Eh ! bien, fit le Breton à Jean Tapin, quand il eut recouvré la parole, y croiras-tu maintenant à notre bonne Dame d’Auray ?