Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/92

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Ce fut un écroulement dans les premiers rangs des cavaliers : des cris, des malédictions retentirent ; mais, surprise, la masse s’arrêta net. Puis, brusquement, faisant volte-face, elle partit à toute bride.

Déjà, n’écoutant que son emballement, Henri, suivi seulement de quelques hommes, partait à la poursuite des Arabes ; mais heureusement pour lui, le gros des ennemis était loin, car il eût été écrasé sous le nombre.

Il revint pourtant avec un trophée : deux drapeaux et un prisonnier ; c’était un cheik blessé, qu’il avait pris de sa main.

— Eh bien ! mon brave lieutenant, vous n’y allez pas par quatre chemins lui dit Changarnier en riant. Savez-vous que je devrais vous flanquer aux arrêts pour avoir chargé sans mon ordre ?

— C’est ma foi vrai, mon commandant ; mais je rapporte de quoi me faire pardonner.

Le fait est que, le lendemain, sur le rapport du commandant, Henri Cardignac recevait, de la main du duc de Nemours, la croix pour laquelle il était proposé depuis déjà un an.

Quelques jours plus tard, le 1er novembre 1836, la colonne expéditionnaire rentrait à Bône, et notre camarade obtenait un congé. Il allait pouvoir embrasser sa mère, son vieux père, son frère, qu’il n’avait pas vus depuis quatre ans ! Il allait pouvoir leur montrer avec orgueil sa croix d’honneur, récompense de sa bravoure !

— Henri prit donc passage à bord du transport l’Aréthuse, et, fin décembre, il débarquait à Paris.