Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/313

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— Ci ça qu’est drôle !… Ci toi li p’tit turco d’Monbiliard !… Ci toi toujours l’médaille m’litaire ! Li officier à présent ! Bono ! Bono ! Bono bezzef !

Et, se précipitant vers notre camarade qui riait franchement, il lui saisit la main, puis se mit à danser aussi frénétiquement qu’il l’avait fait autrefois dans la cuisine de M. Ramblot, le tout à la grande stupéfaction de Pépin qui, moitié riant, moitié inquiet, murmurait :

— Ah ça ! Ah ça ! Il est maboul[1], ce négro-là ! Va falloir lui donner une douche et lui faire prendre l’omnibus de Charenton !

Mais Pépin se trompait ! Barka n’était point « maboul », mais simplement rempli d’une joie intense.

Car c’était bien Barka, en chair et en os, que le hasard venait d’amener si bizarrement à la rencontre de Georges Cardignac.

  1. Maboul, mot d’argot militaire emprunté à l’arabe et qui veut dire fou ou toqué.