Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je vous fais languir : je veux que vous le reconnaissiez vous-même. C’est à deux pas ; voulez-vous venir avec moi ?
Décoré ! tu es décoré !

Georges intrigué suivit Pépin.

Les bureaux de l’État-Major étaient installés dans un bastion de l’immense citadelle d’Hanoï, près de la demi-lune. Au moment où l’officier passait près du planton de service, la porte du dit bureau s’ouvrit et un homme parut, qui, sans les voir, reprit la direction de la ville, en assujettissant sur sa tête une casquette plate de voyage.

Et Georges Cardignac eut à son tour un geste de prodigieux étonnement, car, dans ce grand corps, vêtu d’un long macfarlane à carreaux et portant en sautoir une lorgnette et une sacoche, qui venait-il de reconnaître, comme s’il l’eût quitté la veille ? Kolwitz !

Oui, mes enfants, Kolwitz, son Anglais de Bazeilles, à qui il avait, lui, Georges, brûlé la politesse en s’enfuyant ; mais dont Pépin avait aussi brûlé les vêtements d’un coup de fusil, tiré à bout portant.

Le « reporter » était à peine changé : son visage était un peu plus flasque ; son nez plus busqué ; ses dents plus jaunes ; ses favoris toujours en