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Elle marquait −57°.

Ce point devait être le minimum de température atteint par l’expédition, car, joint au vent de la marche, le froid constituait une souffrance qui ne pouvait être endurée longtemps.

Mistress Elliot et Christiane s’étaient réfugiées sous la tente ; chacun s’était appliqué sur la figure le masque de laine du passe-montagne, car on risquait, en quelques minutes, d’avoir le nez gelé. La vapeur de la respiration se solidifiait instantanément, formant sur les masques des stalactites de glace.

Le brouillard n’avait pas diminué : peut-être même était-il plus épais, et le docteur dut en convenir d’un air dépité, en constatant qu’il n’était pas aussi sûr de ses visées qu’à l’observation précédente : Pollux était à peine discernable…

On devait être a la latitude 89° 13’… à 47’ du Pôle !

Plus que 87 kilomètres !

Mais quand ce chiffre tomba dans le silence, aucune voix ne se leva pour applaudir ou s’extasier.

Pourtant, sur l’invitation de sir Elliot, Georges Durtal trouva dans sa volonté la force nécessaire pour télégraphier ces mots

« Nous serons au Pôle dans deux heures. »

Mais il dut lâcher le manipulateur et n’attendit pas la réponse de l’Étoile-Polaire.

Car le froid était devenu pour tous une souffrance aiguë. Les membres se raidissaient ; le mouvement