Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/105

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devenait difficile et la respiration haletante, comme si une chape de plomb eût pesé sur les épaules. Sous le masque même, s’épaississaient des aiguilles de glace…

Peu à peu, l’insensibilité gagnait les extrémités.

— Je ne sens plus le volant, déclara Georges Durtal.

— Il faut descendre, fit l’Américain : c’est intolérable.

Le savant à son tour acquiesça du geste.

Mais les ailerons horizontaux abaissés ne donnèrent qu’une descente relativement lente et le thermomètre s’obstinait aux environs de 55°.

Alors Georges Durtal leva le bras vers la poignée de la corde de soupape.

Mais ce fut en vain qu’il essaya de tirer cette poignée : ses doigts raidis ne pouvaient la saisir…

— À vous, sir James… je ne puis.

Successivement, l’Américain et le savant tentèrent d’opérer la traction libératrice…

Ils n’y parvinrent point.

— Bob !… regarde, Bob !

Le nègre, roulé en houle sous le rebord de la tente, se leva z il ne semblait pas souffrir, au même degré que les autres passagers, de l’effroyable froid.

L’Américain lui expliqua ce qu’on attendait de lui.

À peine eut-il compris qu’il se suspendit à la corde et la tira brusquement…