Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/114

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— Tenez-vous bien !…

La nacelle pique du nez, est traînée une centaine de mètres encore, mais derrière elle, traîneau et guide-rope font frein et contribuent à la ralentir.

Elle s’arrête enfin, sa béquille traçant dans la neige un sillon profond.

Elle s’incline vers la gauche et se redresse, encore soutenue par le ballon qui se vide et va se déformer plus rapidement, puisque le ventilateur ne fonctionne plus.

Mistress Elliot, qui, s’est retirée sous la tente pour ne pas voir la chute, appelle désespérément :

— James !… James !…

Maintenant, c’est fini… Tout danger a disparu, et cette chute, qui devait être mortelle, s’est terminée, grâce à la présence d’esprit du jeune officier, par une expérience des plus saisissantes et une descente presque classique.

Les naufragés du Patrie ont d’ailleurs une autre chance qu’ils ne sauraient assez apprécier : il n’y a pas un souffle d’air dans l’atmosphère, et l’énorme masse gît sur la banquise sans un soubresaut, dans une immobilité d’épave.

Mais ce n’est plus qu’une épave…

Le bel aérostat, qui a franchi victorieusement l’Océan polaire et qui a amené ces audacieux jusqu’aux environs du Pôle, ne remontera plus dans l’espace.

Son gaz continue à fuir par la soupape ouverte et le bruit lugubre qu’il fait en sortant arrache Georges