Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/124

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nacelle. Christiane l’avait vue, remettant à son mari le pavillon américain de l’Étoile-Polaire, qu’elle avait conservé depuis le départ. Puis elle était rentrée sous la tente, et sans doute à cette heure avait-elle repris la lecture de la Bible, pour demander au ciel le triomphe du Drapeau étoilé.

— Elle lui a jeté une phrase l’invitant à se hâter, dit encore Christiane… et il se hâte, car on ne le voit plus… Il faut le rejoindre, Georges…

— Savez-vous que nous n’avons aucun moyen de repartir d’ici, Christiane ? demanda gravement l’officier.

— Que voulez-vous dire ?

— Ce que seul je puis affirmer : c’est que le ballon est hors d’état de nous enlever et qu’il faudra, de toute nécessité, que trois d’entre nous, peut-être quatre, restent ici… Or, pour ceux qui resteront, la tombe est creusée d’avance à cette place…

Il y eut un silence, mais l’hésitation de la jeune fille fut courte, car, joignant les mains :

— Georges, je vous en prie, fit-elle, ne pensez pas à cela, ne parlez pas de cela maintenant… Rejoignez d’abord sir James. Vous ne devez pas, vous ne pouvez pas le laisser arriver là-bas le premier.

— Christiane, laissez-moi vous faire cet aveu…je n’ai en ce moment qu’une pensée : vous sauver, vous sauver malgré eux au besoin.

Et comme elle protestait du geste :

— Vous ne savez pas, fit-il sourdement… main-