Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/202

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— Nous n’avons plus une minute à perdre, Christiane ; écoutez…

Un grondement lointain montait jusqu’à eux du fond de l’horizon.

— C’est une idée absurde peut-être, Georges, mais mon émotion première m’a reprise… Il me semble que je partirai plus calme, si vous faites ce que je désire… Nous avons violé cette sépulture. Si nous ne la refermons pas dernière nous, un ours, un fauve viendra qui dispersera ces restes… J’ai le cœur qui défaille rien que d’y penser… Faites ce que je vous demande, Georges…

Il n’objecta rien, et au sortir de l’étroit passage se borna à dire :

— Regagnez vite la nacelle et embarquez pendant ce temps. L’orage approche.

— Nous nous embarquerons ensemble, Georges…Vous, mistress Elliot, prenez les devants… Écoutez d’ailleurs votre nom : sir James vous appelle.

L’Américaine partie, l’officier accumule rapidement de la neige à l’entrée du passage. La jeune fille la tassait nerveusement avec ses petits pieds.

— Encore un peu, Georges ; ce n’est pas assez haut.

Il ne songeait pas à résister. Perdre du temps en un pareil moment était folie, sa raison le lui disait ; mais son fatalisme reparaissait, doublé d’une sorte de superstition dont Christiane était l’objet.

« Elle était la bonne fée de l’expédition », avait dit sir James, et le jeune homme le croyait fermement.