Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/203

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Donc, ce qu’elle demandait là, il pouvait, il devait le faire sans hésitation.

Quand il eut terminé, elle dit d’une voix grave, dans le vent qui montait : « Adieu, Andrée ! », puis ils prirent leur course, se tenant par la main.

Maintenant, l’air glacé leur fouettait le visage et, autour d’eux, des traînées de ouate semblaient courir… La brume se dissipait et, au détour du promontoire de neige que surmontait le drapeau d’Andrée, l’aérostat leur apparut avec netteté. Il se balançait et commençait à rebondir contre la haute paroi qui ne l’abritait point, puisque l’ouragan arrivait du côté de la banquise.

Du côté du Spitzberg, un éclair jaillit, et, quelques secondes après, un coup de tonnerre sec et semblable au crépitement d’une fusillade lointaine se répercuta sur la haute falaise.

L’Américain faisait de la nacelle des gestes désespérés, et ses appels, mêlés à ceux de mistress Elliot et du savant, se précipitaient.

En un clin d’œil, les deux jeunes gens arrivèrent au pied de l’échelle et Georges Durtal fit passer la jeune fille devant lui.

La nacelle se soulevait, retombait et quand l’enveloppe, heurtant la blanche muraille, était renvoyée par elle comme une balle élastique, tout le réseau de cordages criait sous les brusques soubresauts de la grande barque d’acier.

Le ronflement du gaz indiquait que, malgré l’augmentation manifeste de force ascensionnelle, l’Amé-