Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/216

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risés avec le danger. D’avoir échappé à l’écrasement contre la falaise, d’avoir trouvé dans cet approvisionnement d’hydrogène légué par Andrée le moyen de repartir contre toute attente, d’être emportés enfin à une vitesse fantastique loin de ce lieu funèbre où ils avaient bien cru rester, de cet ensemble de contingences extraordinaires enfin, ils n’étaient pas loin de conclure comme mistress Elliot à une intervention providentielle.

L’esprit à tendances scientifiques de Georges Durtal ne se serait pas accommode de cette explication, si l’amour de Christiane n’avait transformé en lui bien des choses ; mais l’empire de la jeune fille sur son âme très neuve était plus fort qu’il ne le soupçonnait lui-même.

En somme, il n’était allé au Pôle que dans son sillage : elle avait été la véritable instigatrice de l’expédition, et puisque la conviction du superstitieux Américain au sujet de la jeune Française semblait se vérifier, puisqu’elle paraissait bien être le porte-bonheur du Patrie, pourquoi n’accepterait-il pas lui-même cette version qui s’accordait si bien avec son amour sans cesse grandissant ?

De cet état d’esprit des passagers du ballon résulta vite une sorte de quiétude générale qui tenait à la fois du fatalisme des uns, de la confiance religieuse des autres, et qui, le premier moment d’angoisse passé, se manifesta par des questions de toutes sortes.

— Quelle peut être la vitesse de cet ouragan ?