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d’homme des bois. Le temps restait clair et le soleil, rouge, énorme et sans chaleur, roulait à l’horizon.

Il semblait que son globe fût tout proche et à la hauteur même de la nacelle, car, d’après les lois de la perspective, l’horizon s’élève avec l’aérostier et la banquise apparaissait, malgré la convexité terrestre, comme une immense assiette creuse.

Toute l’attention de Georges Durtal était concentrée sur le baromètre, car le problème du main- tien de l’aérostat à une altitude suffisante allait devenir de plus en plus ardu.

Étant donnés les heurts qu’avait subis l’enveloppe contre la paroi de la falaise, il était probable que, soit par perforation d’une aiguille de glace, soit par décollement de quelques fuseaux de soie, une ou plusieurs ouvertures laissaient maintenant échapper l’hydrogène.

L’officier avait été confirmé dans cette appréhension par une baisse d’altitude continue, commençant dès la deuxième heure.

Heureusement elle était lente, et l’officier y avait paré en continuant à infuser à l’aérostat, avec une lenteur égale, le contenu du tube qui se trouvait ajusté sur le manchon au moment du départ.

Il avait continué l’opération avec les deux autres en la faisant durer aussi longtemps que possible ; car il importait de n’avoir recours au jet du lest que quand on ne pourrait plus faire autrement.

Du lest proprement dit, d’ailleurs, il n’y en avait plus à bord.