Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/245

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çait à se dresser au loin, et de tous les dangers qu’ils avaient courus jusqu’à cette heure, les passagers du Patrie allaient maintenant au-devant du plus redoutable.

À la vitesse à laquelle il était emporté, le ballon allait en effet se briser contre cette muraille, dont la hauteur croissait de minute en minute.

La première idée qui vint à Georges Durtal fut de se précipiter sur la corde de déchirure et de se tenir prêt à arrêter la course du Patrie avant que le choc se produisit.

Mais qu’arriverait-il, lorsque le frêle esquif qu’était la nacelle, ballotté par les vagues que creusait le vent et que rendait furieuses le voisinage de la côte, serait recouvert par l’enveloppe soudainement vidée ?

Quelle surcharge que ce poids énorme s’abattent sur le bateau improvisé ?

De plus les agrès constitueraient un véritable filet au-dessus de la tête des passagers, leur interdisant tout mouvement ! la nacelle, embarquant des paquets de mer, coulerait à pic au bout de quelques minutes.

C’était la pire des solutions à adopter.

Et Georges Durtal, maintenant hypnotisé par la vue de cette côte granitique rougeâtre qui grandissait à vue d’œil, avait pris la main de Christiane et la serrait nerveusement, comme s’il eût attendu d’elle une réponse à l’inexorable question :

« Que faire ? »