Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/273

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Sur le pont du steamer qui les emportait, sir Elliot tira un carnet de chèques.

Il y griffonna un nombre en toutes lettres :

Deux millions cinq cent mille francs, signa et le tendit au jeune homme.

Et comme Georges Durtal reculait d’un pas, ébloui :

— Impossible de refuser, fit l’Américain. Cette promesse a été faite au moment où vous veniez de me sauver la vie : elle est sacrée !… Vous m’obligeriez à déposer cette somme à votre nom a la Banque de France…

Et soudain, dans un gros rire :

— Seulement, dit-il, j’ai fait une erreur : j’aurais dû, puisque vous faites désormais bourse commune, vous retenir 200 livres, soit 5.000 francs, pour les deux paris de 400 livres chacun que je vous ai gagnés ; l’un à vous-même il doit vous en souvenir, quand je vous ai parié que nous regagnerions l’Europe.

— C’est vrai, dit l’officier, je l’avais oublié.

— L’autre à Mlle de Soignes au sujet de la hauteur de notre falaise de glace.

— Mais pas du tout, intervint a son tour mistress Elliot ; celui-là, James, vous l’avez perdu.

— Comment ! Mais mademoiselle a dû convenir elle-même que la falaise de glace était moitié moins haute que la Liberté de Bartholdi… C’est d’ailleurs visible à l’œil nu d’ici : voyez l’énorme bronze dominant toute la rade ; notre falaise là-bas ne lui allait pas à la ceinture.