Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/51

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l’équipage avant de quitter le navire, car le yacht, lui aussi appareillait pour le Spitzberg.

Seuls, six hommes tenaient les derniers câbles. Avant de libérer l’aérostat, Georges Durtal leur prescrivit de s’éloigner de la paroi rocheuse qui l’avait abrité pendant ces quarante heures.

Soudain, le grondement d’un coup de canon ébranla les échos du fjord et se répercuta jusqu’aux gorges des montagnes aux noirs sapins.

C’était le petit canon de cuivre de l’Étoile-Polaire qui saluait les partants ; c’était l’adieu des marins, impuissants à franchir la banquise polaire, aux aéronautes, qui allaient passer par-dessus.

— Quand vous voudrez… Nous sommes parés, sir Elliot, fit le jeune officier, disposant un sac de lest de vingt kilogrammes sur le bordage de la nacelle.

— Mais vous êtes désormais le seul maître, comandant, je vous l’ai dit… Nous ne sommes plus ici, le docteur et moi, que votre équipage obéissant.

— Mademoiselle Christiane, fit Georges Durtal, c’est à vous qu’il appartient de faire le commandement de départ, car ce départ, il est votre œuvre !…

La jeune fille se rapprocha et, d’une voix pénétrée :

— Georges, fit-elle en français, dites-moi que vous ne regrettez rien, que nos deux cœurs battent à l’unisson…

— Je vous le jure, fit-il. Avec vous j’irai…

— Au bout du monde, acheva-belle d’un air