Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/62

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tenez, n’est-ce pas déjà le pic Horn que nous apercevons là-bas, dans la brume ?

Le savant dirigea aussitôt sa lunette sur le point indiqué et déclara aussitôt :

— C’est bien lui.

Une heure plus tard, en effet, un pic éblouissant de neige apparaissait distinctement : c’était la borne gigantesque plantée au sud de ce groupe d’îles célèbres du Spitzberg où les progrès de la navigation et du tourisme amènent aujourd’hui des voyageurs, plus aisément qu’on n’allait jadis en Islande.

Derrière le pic Horn, d’autres pic neigeux se profilaient déjà, et, tout à leur contemplation, aucun des voyageurs ne songeait aux préoccupations, aussi vulgaires qu’impérieuses, du manger et du dormir, lorsque Bob Midy, à l’aide d’une mimique expressive, fit signe à mistress Elliot qu’il avait faim.

— Bob a raison, dit l’Américain, qui avait pris le quart à hauteur de l’île Baren, et qui s’acquittait de ces importantes fonctions avec une extrême attention ; il faut mettre dès maintenant de l’ordre dans nos repas, manger et dormir par bordées, comme sur un bâtiment, de manière qu’il y ait toujours au moins deux d’entre nous éveillés.

Les passagers du Patrie firent honneur au repas que le nègre, sous la direction de mistress Elliot, tira des cantines à vivres, repas froid, mais plantureux, où les conserves les plus fines alternèrent avec les meilleurs vins de l’Étoile-Polaire.