Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/86

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Avec elle, tout ce qui l’attachait maintenant à la vie disparaîtrait.

Non, tout !… excepté cela. Et, serrés l’un contre l’autre, ils attendirent.

Le choc redouté ne se produisit point. Le ballon remontait rapidement. Quelques minutes après, le baromètre marquait 430 mètres.

Chacun, dans la nacelle, reprenait son équilibre ; les questions se croisaient ; mistress Elliot, sous la poigne vigoureuse de son mari, recouvrait peu à peu ses esprits et refusait énergiquement de réintégrer sa tente, où elle avait reçu un heurt violent du fourneau à pétrole. Le docteur Petersen examinait son instrument avec une anxiété qui se traduisait par des apartés dans toutes les langues.

Ni l’un ni l’autre n’avait songé à jeter un coup d’œil sur le baromètre.

Enfin Bob Midy replaçait l’une sur l’autre les caisses de conserves parties à la dérive au milieu des peaux, des sacs et des passagers.

Tranquillisé sur l’imperméabilité de l’enveloppe par cette ascension continue, Georges Durtal jeta un coup d’œil rapide sur les hélices. Elles continuaient à tourner avec leur bruit d’ailes régulier et froufroutant. Elles n’étaient donc ni brisées, ni faussées, et seulement alors le lieutenant du génie respira.

Car tout ce qui venait d’avoir lieu n’était imputable qu’à lui seul. Il en avait conscience d’une façon absolue et sans réplique.